14-18
La Caverne du Dragon (juin 1917)

En juin 1917, la vie dans les tranchées s’écoule douloureusement en compagnie d’une mort omniprésente. Au Chemin des Dames, Pierrot et ses pairs tuent le temps comme ils peuvent malgré les réprimandes incessantes de leur nouveau sergent. Irascible et réputé pour sa lâcheté, le gradé leur mène la vie rude si bien que certains comme Paul sont prêts à lui rendre la monnaie de sa pièce. En ce 23 juin, la troupe se prépare à une grande offensive de nettoyage contre la Caverne du Dragon et ce, à l’appui d’un nouvel équipement, le fameux Schilt, lance-flammes allemand. Deux jours plus tard, avant le lever du soleil, la soldatesque française investit le fortin souterrain pour y lâcher des gaz asphyxiants. Malheureusement, dans l’offensive, Jules et Victor sont faits prisonniers et se retrouvent quelques jours plus tard dans un camp allemand. Là, ils sont mis à disposition de la propriétaire d’une ferme dans laquelle ils rencontrent Steven, un autre prisonnier d’origine anglaise. Durant leur périple, Jules va se rapprocher de la belle Lorelei.

Par phibes, le 26 novembre 2017

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Notre avis sur 14-18 #8 – La Caverne du Dragon (juin 1917)

Conformément au concept général de la saga, chaque épisode bénéficie d’un prologue qui a la particularité de camper une intrigue. Ici, cet opus est l’occasion de s’appesantir sur l’origine de l’amitié très forte que se partagent deux hommes, Jules (l’un des huit amis d’un même village mobilisés pour la guerre) et Steven, personnage pour l’instant inconnu qui va devoir se révéler à nous.

Sous l’égide de retrouvailles joyeuses de 1925, le récit fait sans transition aucune un retour en arrière pour nous replonger à l’époque de la première guerre mondiale, au cours de l’année 1917 plus exactement. L’on retrouve une partie de la bande des huit partiellement décimée, terrée dans les tranchées, dans l’attente d’une nouvelle initiative militaire qui va malheureusement provoquer une fois de plus des dégâts dans ses rangs.

Eric Corbeyran signe une équipée guerrière toujours aussi bien inspirée de ce conflit destructeur dont on commémore aujourd’hui le centenaire. Fruits d’une recherche documentaire évidente, les nouvelles péripéties qu’il nous conte avec fluidité restent très proches de la réalité historique. Pour ce faire, avec adresse, le scénariste étoffe sa fiction de repères authentiques à commencer par le site stratégique de la Caverne du Dragon (dans l’Aisne) et l’opération militaire qui s’y est déroulée le 25 juin 1917. Par ailleurs, il nous interpelle sur des choses plus surprenantes comme le fusil Lebel modifié et le lance-flammes Schilt, également sur l’utilisation des gaz asphyxiants.

Le récit reste donc toujours aussi prenant, se nourrissant juste ce qu’il faut des horreurs de la guerre. Toutefois, ces dernières se voient tout de même atténuées par les évènements subis par Jules qui vont apporter, en s’éloignant du front des opérations, quelques notes un peu plus légères (du moins, pour un temps).

Etienne Le Roux est réellement impressionnant. En effet, rien que pour cette année, après le tome 7 de la même série (sorti en mai), le tome 3 de La mémoire dans les poches (sorti en mai) et le tome 21 de Sept (sorti en août), l’artiste parvient à sortir le présent opus. Malgré ce rythme soutenu de production, l’artiste fait en sorte de conserver sa qualité de restitution. Son trait continue à retranscrire la guerre dans son ensemble avec un réalisme saisissant (voir les deux planches en couleurs directes dans le début de l’album). Les scènes nocturnes sont également superbement illustrées à la faveur d’un travail sur l’encrage et sur la colorisation admirable. Restent les personnages qui, si on cherche la petite bête, bénéficient d’une effigie qui a perdu en précision.

Un épisode des plus concluants qui suscite quelque espoir et également, eu égard au climat guerrier, de nombreuses émotions et désillusions.

Par Phibes, le 26 novembre 2017

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