14-18
Le champ d’honneur (janvier 1915)

Après la bataille de la Marne, les huit amis issus d’un même village se retrouvent au début de l’année 1915 sur le front à creuser des tranchées dans un sol ingrat. Alors qu’ils n’en finissent pas de râler sur leurs conditions désastreuses, Armand, caporal de son état, est appelé au poste des officiers afin d’y recevoir une mission qui consiste, avec son escouade, à faire diversion pendant que le gros de l’armée cherche à prendre à revers l’ennemi. Les chances d’en sortir indemnes étant des plus réduites Armand refuse la mission. Mais l’officier parvient, à force d’explications, à lui faire changer d’avis. La mort dans l’âme, le caporal réunit ses hommes et leur expose à demi-mots ce que l’on attend d’eux. Il ne fait aucun doute que la journée qui s’annonce va exiger son lot de sang et qu’il est nécessaire pour chaque homme d’écrire à sa famille.

Par phibes, le 20 mai 2015

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Notre avis sur 14-18 #3 – Le champ d’honneur (janvier 1915)

Quelques six mois après le précédent opus, Éric Corbeyran et Etienne Le Roux reviennent pour nous donner la suite des péripéties des huit copains d’un même village partis faire la guerre. Nous les retrouvons donc de nouveau ensemble sur le théâtre des opérations au début de l’année 1915, prêts à participer à une nouvelle opération qui, évidemment, va amener son lot douloureux de traumatismes, au front comme à l’arrière.

Depuis deux épisodes, Éric Corbeyran est arrivé à créer un concept particulièrement captivant, mêlant avec une adresse exemplaire la grande Histoire avec la petite histoire intimiste de certains hommes durant le conflit. Ce troisième volet reste profitablement dans la veine de ceux antérieurs, avec un prologue rapide percutant qui dévoile ce que sont devenus après la guerre certains des personnages et un développement qui relate certaines causes de leur état physique ou psychologique.

Cette suite a l’avantage d’être on ne peut plus efficace par le fait qu’elle met le doigt sur l’absurdité de la guerre, sur ces répercussions directes et indirectes, sur les missions sacrificielles, sur les ordres totalement insensés donnés par la hiérarchie qui transformaient les hommes de troupes en véritable chair à canon. Se cantonnant autour des huit personnages clé et de leur destinée dramatique, le récit ne manque assurément pas de densité, ni même d’une certaine dureté. Entre Armand qui se retrouve face à sa conscience, Maurice et Jules contraints de subir les sarcasmes de leurs compagnons et tout particulièrement de Jacques, Denis affrontant une certaine vérité, nombreux sont encore les évènements qui, sous le couvert de l’enfer de la guerre, grèvent le relationnel du groupe.

Au diapason avec son scénariste, Etienne Le Roux démontre haut la main qu’il sait travailler vite et bien (6 mois après le précédent opus). Assisté maintenant de Loïc Chevalier aux décors et de Jérôme Brizard à la couleur, l’artiste restitue une nouvelle fois un dessin qui porte un message clair et puissant. Son trait représente de façon réaliste la Grande Guerre, avec son inhumanité ambiante et son lot de traumatismes, dans des effets qui, à n’en pas douter, ont un côté réellement très convaincant.

Un troisième épisode de grande qualité qui confère à cette saga chronologique un intérêt commémoratif particulièrement prégnant.

Par Phibes, le 20 mai 2015

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